Les semaines que nous allons vivre dans notre pays obligent chacun chacune à s’adapter à une situation nouvelle et anxiogène. Changer ses habitudes, être obligé de rester chez soi, en proximité avec son conjoint et/ ou ses enfants. Limiter ses sorties,  ses loisirs extérieurs.  Subir l’insécurité, l’anxiété (pour les plus fragiles physiquement ou moralement) et une solitude encore plus pesante pour des personnes célibataires ou veuves…Et que dire des conséquences dramatiques pour des entrepreneurs, des salariés obligés de cesser toute activité et angoissés quant à l’avenir.

Le temps va sembler se distendre avec peut-être même des phases d’ennui inédites pour certains. L’espace réduit à notre appartement, maison, jardin…. à partager avec des proches, trop proches… Une organisation familiale à revoir, et de nouveaux équilibres à inventer.  Ce  nouveau type de relation avec soi-même, avec  les autres me fait penser à un temps de retraite dans un monastère qui exige une période  d’acclimatation lorsqu’on vient d’un « monde » hyperactif, bruyant et stressant. Et puis au bout d’un certain temps on s’y habitue et on peut découvrir, malgré les difficultés, une autre façon d’appréhender notre vie.

Chers amis, face à l’inconnu, en ces jours que nous redoutons un peu, n’est-ce pas l’occasion de se demander  ce qui est essentiel et ce qui l’est moins. Les croyants n’échappent pas à cette nécessaire introspection. Eux non plus ne doivent pas la fuir, d’autant que cette épreuve s’inscrit dans le temps du carême, 40 jours qui ne sont pas une mise en quarantaine ( ! ) mais une période de l’année liturgique où nous reconnaissons nos pauvretés et nos fragilités et ainsi le besoin impérieux d’être relevé, ressuscité par le Seigneur.

Privés des célébrations communautaires, eucharisties, baptêmes, mariages…nous devons nous adapter et trouver de nouvelles manières de vivre notre foi. Nous savons bien que Dieu n’est pas « enfermé » dans les sacrements. Nous le trouverons toujours en rentrant en nous-même par la prière, la méditation, l’attention fraternelle et  en vivant dans la foi ce quotidien bouleversé. Invoquons l’Esprit de sainteté. Qu’il traverse de son souffle vivifiant les vertus de  force, de prudence, de  tempérance et de justice,  ce moteur à quatre temps de notre humanité. Laissons l’Esprit Consolateur apaiser nos craintes, nous montrer de beaux chemins d’espérance et d’amour à vivre dès maintenant. Que notre confiance soit visible !

Nous sommes prompts à critiquer l’usage excessif des smartphones,  la pauvreté des relations sur les  réseaux sociaux ; prompts à remettre en question internet et ses dérives, avec son lot de fake news et d’exagérations. Pour autant, il sera précieux ce coup de fil d’un ami demandant des nouvelles et/ou  partageant humblement ses difficultés à vivre cette situation. Il sera bénéfique ce coup de fil ou ce mail envoyé à des cousins éloignés ou à un voisin, une connaissance qu’on sait un peu isolée. Elle sera bienfaisante cette prière partagée avec son réseau sur WhatsApp ou ce Skype parce que certains visages nous manqueront…

Nous espérons dès cette semaine ouvrir une chaine utube pour garder le contact les uns avec les autres. Ainsi notre communion de prière et d’amitié sera encore plus forte. Soyez attentifs à votre messagerie et soutenez-vous les uns les autres.

Sur la paroisse Saint Gabriel sur Maine nous vous invitons à  prier ensemble à partir d’une belle neuvaine  proposée par nos frères dominicains (rendez-vous sur le site internet de la paroisse).  Elle nous prépare à la fête de l’Annonciation le 25 mars.  Le message de l’ange à la Vierge Marie peut évoquer pour tous l’imprévu de Dieu dans nos vie, l’imprévu tout court qui nous surprend et nous déstabilise. Avec Marie, disons notre « Oui » au Père de toute tendresse. Tu es notre  Seigneur et notre Dieu et nous t’offrons  ces jours qui viennent  en nous abandonnant à Ta providence qui ne déçoit pas.

P. Jérôme Hamon