Par Jean-Pierre Biraud, diacre permanent

Nous allons entrer dans le temps de l’Avent. C’est le temps de la préparation de Noël, de l’accueil de l’Emmanuel qui se fait petit enfant pour nous rejoindre dans nos réalités humaines et nous assurer de l’Amour inconditionnel de Dieu pour chacun de nous. Mais l’Avent nous prépare aussi à attendre la fin des temps. L’Avent nous tourne vers le Christ qui est déjà venu en se faisant homme, mais il nous tourne aussi vers sa manifestation ultime, vers le jour où Jésus le Christ viendra dans sa gloire. Et cette orientation vers l’avenir appartient à la Bonne Nouvelle que Dieu veut nous transmettre. Elle fait partie du salut qu’il nous offre.

Une vision à court terme

On dit volontiers aujourd’hui que les grandes visions prophétiques de l’histoire qui ont galvanisé les hommes et les peuples : la Renaissance, la révolution industrielle, la construction de l’Europe… ont disparu. Que nous sommes entrés dans une ère de gestion à court terme. Que nous oublions les grandes solidarités. Que la déresponsabilisation nous guette. Que l’individualisme règne. Que nous nous replions sur le présent, absorbés par l’insécurité du quotidien ou la jouissance de l’instant. Ce climat génère de la peur, du repli sur soi, de résistances aux changements. L’Église n’échappe pas à ce qui marque l’époque. Les grandes visions y sont aussi devenues plus difficiles parce que l’Église institution est malmenée par les scandales liés à la pédo-criminalité ; elle peine parfois à trouver un langage audible. On assiste à des dynamismes réels, mais aussi à des solutions de repli, à des raisonnements pastoraux en termes « tant qu’on peut », « tant qu’on peut vivre tel type de présence », « tant qu’on peut assurer tel service ou telle offre liturgique, on le fait ». Aprsè… Envisager l’avenir est devenu difficile pour les chrétiens.

Attendre dans l’amour

Or notre foi, en nous faisant attendre l’avènement du Christ par sa naissance et son retour à la fin des temps, nous oblige à relever la tête, à stimuler notre espérance. Le fait de regarder vers l’avènement du Christ nous dilate le coeur, nous fait respirer le parfum de l’Amour de Dieu. Si nous nous tenons dans cette attitude de veille, d’attente, nous retrouverons du courage.

Veiller, c’est attendre. Attendons pour nous-mêmes. Mais attendons aussi pour les autres et pour le monde dans lequel nous vivons. Attendre pour une personne, c’est une façon de l’aimer. C’est ce que Dieu fait pour chacun de nous. En Jésus, il nous a tout donné. Jusqu’au dernier jour, il continuera d’attendre pour nous. D’attendre que nous accueillions pleinement ce qu’il nous a donné en son Fils. Belle marche d’Avent dans l’espérance et la paix.