L’Église et la crémation

Depuis plusieurs années, la pratique de la crémation s’est fortement développée en France. Peut-être y avez-vous déjà participé. Celle-ci peut être précédée par une célébration de funérailles à l’église. Ou bien, les proches se sont contentés d’une cérémonie au crématorium, accompagnée parfois (car cela n’est pas particulièrement préconisé par les diocèses) par un officiant laïc de la paroisse. Ou bien un employé des pompes funèbres qui guide ce temps.

Les motivations sont diverses : souci de protéger l’environnement, choix des grands malades pour « tuer » la maladie et éliminer un corps de douleur, motivations philosophiques ou idéologiques en hâtant la libération de l’âme du corps pour rejoindre un grand tout cosmique. D’autres prétextent que « de toute façon personne ne viendra se recueillir devant ma tombe , à quoi bon réserver un espace pour ma dépouille », cela pose alors la question de la destination des cendres qui est aujourd’hui réglementée.

Quoiqu’il en soit les avis restent partagés sur la question. On peut penser qu’au cours des siècles le sens de la symbolique de l’ensevelissement s’est amenuisé. Mais était-il aussi bien saisi que cela par les croyants ? Un corps qui retourne à la poussière de la  terre dont il a  été tiré, un corps enseveli comme le Christ ressuscité, sorti du tombeau, la mise en terre renvoyant à l’accès du défunt à la terre promise…

Il faut bien sûr prendre en compte le désir de ceux qui exigent la crémation pour eux-mêmes. Cependant,  si les proches qui restent, déjà impactés par ce décès, doivent accueillir et respecter cette décision, ils ont aussi à assumer un choix qui n’est peut-être pas le leur.

L’Eglise n’est pas contre la crémation. Ce qui préside à  enseignement est par excellence la dignité de la personne humaine dans sa vie, dans sa mort et l’au-delà de sa mort. Les divers rites des funérailles et de l’inhumation ont donc pour but de proclamer ces dimensions profondes de la personne. 

Inhumation ou crémation, votre choix est peut-être déjà fait ! Pour ma part, je trouve cette destruction du corps trop violente et trop directe. Mais nous ne sommes pas tous égaux lorsqu’il s’agit d’apprécier une réalité. Notre histoire personnelle, notre profil psychologique, notre  imagination, notre émotivité… tout cela influe sur un discernement à ne pas négliger. L’Eglise a certainement une parole à adresser à ce sujet. Ce qui compte aussi c’est comment nos proches vont vivre ce temps de deuil. Ce qui se passe avant et après l’incinération est ainsi d’une grande importance… Tout au long de sa vie, l’être humain a besoin de donner du sens et de trouver du sens, par l’intermédiaire de symboles, des rites de passage, de célébration…Dans un monde hyper-connecté, techniciste où efficacité rime souvent avec rapidité, il serait dommage qu’on choisisse la crémation comme pour occulter la mort ou même éviter le temps du deuil si nécessaire. Il en va des besoins profonds de la personne humaine dont l’âme est profondément liée à un corps, sous peine de passer à côté du mystère de la vie et pour nous, croyants, de la résurrection promise en Jésus-Christ.

P. Jérôme Hamon